Alexandra Mathiolon

À 34 ans, Alexandra, mariée et maman de deux enfants, est PDG du groupe SERFIM, spécialiste des travaux publics, de l’aménagement du territoire et de l’environnement. Elle succède à son père, Guy Mathiolon, à la tête de l’entreprise familiale qui réalise 580 millions de chiffres d’affaires avec 2800 collaborateurs. Battante, dotée d’une énergie incroyable et d’un enthousiasme qui mène à tout, Alexandra est passionnée par l’entreprise et les équipes qui la composent. Son mot d’ordre pourrait être « ensemble partageons le futur ». Alexandra a une autre passion, la table. Par goût, par plaisir et pour faire plaisir, elle passe beaucoup de temps à table et voue un attachement particulier à la cuisine lyonnaise. Sa grande mère maternelle tenait le fameux bouchon Le Goutaillon à Lyon 7, pas étonnant que la quenelle soit son plat préféré. Alexandra nous donne rendez-vous au Bistrot d’Abel à Lyon rue de la Bourse.

BG: Votre parcours en trois étapes clefs?
ALEXANDRA MATHIOLON : Chronologiquement, après une prépa math-sup math-spé au Lycée du Parc à Lyon, j’intègre l’Ecole des mines de Saint-Etienne, puis je fais une spécialisation en environnement et énergie renouvelable à l’Impérial Collège de Londres. Je passe ensuite quatre années extraordinaires dans le cabinet de conseil en stratégie McKinsey, où je parcours le monde. Je rejoins l’entreprise familiale SERFIM en 2018, sur le développement des métiers sur Paris. En janvier 2020 je prends la direction générale et en 2023 je prends la suite de mon père comme PDG.

BG : La plus grande qualité d’un dirigeant?
AM : Etre positif pour entraîner et construire ensemble un projet d’entreprise qui motive. Donc être dans le partage et à l’écoute de ses collaborateurs.

BG : Votre plus beau succès?
AM : Très fière de reprendre l’entreprise familiale et de poursuivre l’action de mon père, avec qui la passation s’est faite dans les meilleures conditions. Et puis l’énergie extraordinaire que je ressens auprès de tous mes collaborateurs qui se projettent avec moi dans nos formidables métiers des travaux publics et de l’environnement au service de l’aménagement durable des territoires.

BG: Vous parlez de transition, comment avez-vous pris le relais de votre père, personnalité emblématique de la vie lyonnaise?
AM : Tout s’est fait dans la transparence en interne dès mon arrivée. Pour que la transition réussisse il faut être deux, animés de la même volonté. Mon père avait fixé sa date de sortie et nous avons collaboré étroitement. Depuis le début il a affiché que je pilotais tous les projets car l’avenir de l’entreprise passait par moi. J’apporte ma vision et mes méthodes tout en reconnaissant la qualité du chemin parcouru. Il ne vient plus dans l’entreprise sauf pour les conseils de surveillance, pour me laisser le champ libre, mais je le consulte assez régulièrement. Nos métiers se définissent à travers six missions qui répondent aux enjeux majeurs des territoires, en termes de transition :
• Accélérer la transition énergétique, en produisant des énergies renouvelables ou en renforçant la performance de notre réseau d’électricité
• Préserver la ressource en eau, par exemple en dépolluant les eaux polluées ou en réparant les réseaux d’eau potable.
• Limiter l’épuisement des matières premières, grâce au recyclage et à la revalorisation de matière, avec des partenariats innovants, notamment avec Vicat.
• Régénérer la biodiversité grâce à la refertilisation des terres d’excavation ou encore à la dépollution des sols, activité historique chez nous depuis les années 80.
• Renforcer la résilience de nos infrastructures, en rénovant des tunnels, ponts ou routes, ou en intervenant sur les réseaux d’énergie et d’eau après de forts aléas climatiques.
• Mettre la technologie au service de la transition écologique, en équipant par exemple les réseaux d’eau potable de la Métropole de Lyon de capteurs, afin de limiter la perte de la ressource.

Et puis ce qui nous représente chez SERFIM, c’est aussi la manière dont nous réalisons nos métiers. C’est ce que nous avons défini dans notre ADN : « Nous réalisons des chantiers et des prestations innovants, au service d’infrastructures utiles à tous, en prenant soin de nos équipes, avec la liberté que nous confère notre indépendance. » Par exemple, nous venons de lancer un nouveau plan d’action très ambitieux en matière de sécurité, PREVENT’IM, afin d’ancrer durablement la culture de la prévention au sein de nos équipes. Et nous sommes également très actifs dans les domaines de l’alternance, de l’insertion ou de la formation.

BG: SERFIM est une entreprise lyonnaise, êtes-vous présents nationalement?
AM : Oui nous sommes implantés partout en France avec en plus une implantation en Espagne. Nous sommes particulièrement présents sur la région lyonnaise, le sillon Alpin et Paris

BG: Quelles sont les valeurs essentielles que vous souhaitez inculquer à votre entreprise?
AM : Il y en a une fondamentale : le respect. C’est un mot qui rassemble beaucoup de choses qui répondent à notre signature : « Entrepreneurs d’Avenir ». Le respect de nos équipes et comment faire grandir nos collaborateurs. Le respect de nos clients et là on touche aux questions de qualité, d’innovation, de performance. Le respect de nos parties prenantes et en premier lieu nos fournisseurs, en les traitant comme on aimerait être traités, en commençant par les délais de règlement. Le respect de la planète et de l’environnement.

BG: Quelles sont vos ambitions?
AM : Elles ne se traduisent pas en termes de chiffres d’affaires. Quand on a de beaux métiers qui ont du sens et qu’on les fait avec passion, le développement vient naturellement. C’est davantage de mettre la technologie au service des transitions des territoires et de la qualité de vie des habitants, et se renforcer dans l’ingénierie. Ce sont aussi les sujets autour du génie écologique. On est très en lien avec la terre, qui est source de biodiversité, elle est essentielle pour la vie, pour la table aussi, d’ailleurs ! Il y a un gros travail autour des terres fertiles notamment.

BG: Envisagez-vous d’investir dans la terre pour produire, dans les vignes notamment ?
AM : On a de beaux métiers dans lesquels nous avons beaucoup à investir, mais en tant qu’épicurienne et passionnée par notre terroir, c’est une idée que je n’exclus pas.

BG: Vous êtes épicurienne ?
AM : Oui et j’adore aller au restaurant et profiter des bonnes choses à titre privé comme professionnel. Je fais quand même attention pour tenir dans la durée, notamment en limitant le vin. C’est aussi une question de sécurité.

BG: La table a t-elle un rôle majeur dans votre business ?
AM : Oui on passe beaucoup de temps à table, c’est la convivialité, le plaisir, l’échange, le partage. Je ne compte pas le nombre de restaurants que je dois choisir chaque mois !

BG: Vous êtes plutôt sucré ou salé?
AM : Salé de loin.

BG: Rouge ou blanc ?
AM : Rouge, surtout Côtes du Rhône et Beaujolais comme celui de mon amie du domaine Matray & filles.

BG: Quels sont vos goûts en matière de cuisine ?
AM : J’adore la cuisine lyonnaise et ses spécialités, tout spécialement la quenelle que faisait ma grand-mère dans son Bouchon lyonnais à Lyon 7 quand j’étais enfant. Je vais souvent au Café Comptoir Abel à Ainay pour retrouver la vraie cuisine de tradition. Mon expérience à l’international m’a donné l’occasion de découvrir la cuisine asiatique et la cuisine d’Amérique latine et j’y ai pris goût. Et puis de mes racines Pieds Noirs j’affectionne un bon couscous. J’essaie malgré tout de manger moins de viande, pour ma santé mais aussi pour être en phase avec mes engagements pour la planète.

BG: Quelques restaurants que vous aimez ?
AM : Lyon ne manque pas de très bonnes adresses : La table de Max, L’Etabli, le Café Terroir, le Temps est Venu, L’Ame Soeur, Agastache ou encore l’Arsenic, la liste est longue ! Ou encore Casa Jaguar ou Picaflores pour les inspirations d’Amérique Latine. A Paris la Petite Périgourdine est notre QG.

BG: À la maison vous êtes aux fourneaux ?
AM : On se partage les rôles avec mon mari. Il s’occupe des cuissons de la viande et du poisson et moi je cuisine – disons sporadiquement – les accompagnements, woks risottos ou encore les apéros.

BG: Vous avez une recette ?
AM : Les courgettes au lait de coco ou le carpaccio de Saint-Jacques. Et puis le baba au rhum qui est un rituel pour faire plaisir à mon père, une tradition pour la fête des pères.

BG: Une recette familiale qui vous vient à l’esprit ?
AM : L’escalope milanaise de ma maman, c’est ma Madeleine de Proust. Mais pas trop souvent !

BG: Un souvenir mémorable à table ?
AM : Chez La Mère Brazier à Lyon, quand le patron d’une entreprise qu’on venait de racheter nous a invité pour nous remercier de pérenniser son entreprise. Un grand moment mêlant émotion, chaleur humaine et qualité de la table.

BG: Un endroit pour vous ressourcer ?
AM : Dans l’Isère dans la maison de mon papa, au milieu de la nature. Se retrouver en famille, profiter de mes enfants.

BG: Vous avez un porte bonheur?
AM : Sur mon bureau j’ai le « PETIT RAMONEUR de SAVOIE » que m’a offert le dirigeant d’une de nos filiales à PETIT COEUR. J’ai èté très touchée car c’est un patron très humain et proche de ses équipes, qui fait un bon travail.

BG; Quelle est votre recette du succès ?
AM : On la cherche en permanence, mais je pense qu’il faut être passionnée et entraîner ses équipes, les motiver autour d’un projet commun et partager des moments ensemble. On fait beaucoup d’évènements pour rassembler les équipes et ces moments-là créent beaucoup de liens et donnent du sens. La clef du succès c’est aussi cette convivialité et ces moments de partage, comme dernièrement cette tête de veau à 7h du matin pour bien commencer un comité de direction.