Arnaud Zannier

Lyonnais, à la tête de Zannier Hotels depuis 2011, sa marque d’hôtels hauts-de-gamme, Arnaud est le fils de l’industriel Roger Zannier. En 40 ans, parti d’un petit atelier de confection à Saint-Chamond dans la Loire, Roger Zannier est devenu leader européen de la mode enfantine avec les célèbres marques Z, Kickers ou IKKS avant de vendre son groupe en 2018. Arnaud s’est d’abord lancé avec succès dans la chaussure en créant la marque n.d.c. made by hand. Lorsque son père lui propose de racheter « La Ferme de Mon Père » à Megève, il change de vie et se lance dans l’hôtellerie de luxe.
Douze années plus tard, il est présent avec 5 hôtels sur 4 continents et insuffle un supplément d’âme à l’hôtellerie de prestige, moins ostentatoire, plus émotionnelle.
Il nous parle de sa passion pour son métier et de son dernier projet, l’Ile de Bendor, pour lequel il a remporté l’appel d’offre lancé par la famille Ricard pour transformer et manager ce petit paradis dans le Sud de la France.

BG : Vous commencez dans la mode, qu’est-ce qui vous incite à vous lancer dans l’hôtellerie ?
AZ : Sans être dans le même créneau que mon père, je crée ma marque de chaussure avec un ami espagnol en 2001. J’ai géré cette marque pendant 17 ans. En 2008 mon père, me sollicite pour revenir dans les affaires familiales. Il était déjà investi dans de beaux domaines viticoles, je lui propose plutôt de réfléchir à l’hôtellerie haut de gamme. Quelques mois plus tard, il a l’opportunité de racheter le restaurant et le terrain de Marc Veyrat à Megève, et on décide d’en faire un boutique hôtel. L’aventure commence en 2011. 

BG : Quelle est alors votre approche de l’hôtellerie ?
AZ : On est à l’époque dans une hôtellerie de luxe très clinquante avec surenchère d’architectes, de designers réputés et de grands chefs étoilés. J’avais une autre approche de l’hôtellerie haut de gamme. En tant que consommateur et peut-être pour ma génération, je ressentais une autre aspiration pour un luxe moins surfait et clinquant, plus expérientiel et émotionnel. C’est avec cette idée que j’ai créé Zannier Hotels, dont Le Chalet à Megève a servi de laboratoire. Des intérieurs sobres, minimalistes, authentiques, avec un retour aux basiques de l’hôtellerie, comme un service plus attentif, chaleureux et simple. Que ce soit pour ma marque de chaussures ou mes hôtels, j’ai voulu traduire ma vision des choses. Je suis un créateur et j’essaie de reproduire dans l’art de vivre, mes convictions, les valeurs de mon éducation et celles que je donne à mes enfants. Initier une approche plus humble du luxe, plus vraie, plus émotionnelle.

BG : Vous venez de gagner l’appel d’offre lancé par la Société Paul Ricard pour l’Ile de Bendor.
AZ : Nous sommes très fiers d’avoir remporter ce concours devant les plus grandes marques de l’hôtellerie mondiale, un magnifique projet pour faire revivre cette pépite. La famille Ricard a mandaté Bouygues Construction pour la reconstruction de l’île. Nous dessinons le projet de A à Z en lien avec le cabinet d’architectes Hardel Le Bihan et Studio Niez, et ensuite nous l’exploiterons. Contrairement à nos premiers hôtels nous ne sommes pas investisseurs.

BG : Qu’est ce qui a fait la différence selon vous ?
AZ : J’étais au Vietnam en pleine pandémie pour visiter notre hôtel, lorsque l’on reçoit l’appel d’offre. Je me suis plongé dans l’histoire de la famille et de cette Ile et j’ai bien ressenti le projet. Quand je suis arrivé sur place, j’avais déjà une bonne vision de ce que l’on allait proposer : comment valoriser la nature, les bâtiments, la destination, la culture locale pour créer des moments mémorables pour nos futurs clients. L’esprit Zannier a fait la différence.

BG : Du chalet de Megève aux lodges de Namibie, comment orientiez-vous vos recherches de lieux ?
AZ : Il n’y a pas vraiment de stratégie, ce sont des rencontres, des émotions, des voyages, des opportunités. Nous n’avons pas de modèle reproductible, mais une philosophie qui nous guide et un ressenti pour un lieu. Nous partons à la découverte d’une destination. Nous devons nous imprégner de l’économie locale, de la culture locale, des difficultés administratives, des entreprises pour construire, puis recruter, former et exploiter. Mais au final, nous créons des produits exceptionnels, qui ne se ressemblent pas et qui séduisent nos clients. A travers une même marque, on découvre des destinations, des lieux, des architectures totalement différentes, mais avec un esprit commun. C’est plus excitant pour nous comme pour nos clients.

BG : Vous êtes passionné par votre métier !
AZ : C’est plus un hobby qu’un métier ; j’adore ce que je fais.

BG : Vous avez une ambition de développement ?
AZ : Oui, c’est tellement enrichissant. C’est comme un grand voyage que j’ai commencé il y a un peu plus de dix ans et que je n’ai pas envie d’arrêter, d’autant que nos clients sont au rendez-vous. On reçoit beaucoup de propositions au Moyen-Orient, au Mexique ou au Portugal dernièrement.

BG : Aujourd’hui où sont situés vos hôtels ?
AZ : A Megève, un chalet alpin de 12 chambres et suites au coeur de la station. Au Cambodge, Phum Baitang est un resort de 45 villas sur pilotis reparties au milieu des rizières aux portes du temple d’Angkor. En Namibie, Omaanda est un lodge de 10 huttes inspirées de l’architecture traditionnelle Owambo en plein coeur de la savane. Plus à l’ouest, Sonop est un campement de 10 luxueuses tentes posées sur d’immenses rochers, à l’extrémité sud du dessert du Namib. Bãi San Hô, dans la région de Phu Yen au centre du Vietnam, est un magnifique resort de 98 hectares bordant une baie de coraux. En 2026, Zannier Hotels Bendor sera l’un des plus beaux lancements en France. Un hôtel de luxe sur une île privée de 7 hectares, en Méditerranée française. Il n’y en a pas d’autres.

BG : Comment expliquez-vous l’engouement de nombreux entrepreneurs qui ont réussi d’investir dans l’art de vivre ?
AZ : Après avoir fait fortune dans leur activité, certains ont envie d’acquérir un domaine viticole, d’autres se lancent dans l’hôtellerie, c’est un peu une danseuse. Pour gérer une collection d’hôtels, c’est autre chose, c’est un métier, au-delà du goût pour les belles choses et les beaux intérieurs. C’est un secteur d’activité dans lequel on pense pouvoir se démarquer.

BG : Que représente la table pour vous ?
AZ : Mon goût pour l’hôtellerie vient de mon ADN familial. L’art de recevoir a toujours été présent dans ma vie, dans mon éducation. Dans la maison familiale entre Lyon et Saint-Etienne, mon père aimait recevoir chaque week-end la famille et les amis. C’étaient des grandes tablées, de la convivialité. Et puis, je me rappelle que, chaque année, mes grandsparents maternels tuaient le cochon et ça donnait lieu à des grands moments de fête à table. On faisait nos jambons, nos pâtés, nos saucisses pour l’année… On a gardé cette approche très simple, dans le partage, avec la joie d’être entouré de ses proches ; cela m’a beaucoup inspiré.

BG : Quelle est votre recette du succès ?
AZ : La passion et le travail.

BG : Comment qualifiez-vous le bon goût ?
AZ : Le goût des belles choses. Mais on trouve tout et son contraire dans la mode, dans l’architecture, dans la gastronomie. Le bon goût c’est propre à chacun.

BG : Votre passion ?
AZ : C’est mon métier. Un moyen de faire découvrir, de faire partager ce que je rencontre, des lieux, des émotions, ce que j’aime, à travers un produit hôtelier. Je me fais plaisir et je fais plaisir à mes clients.

BG : Le mot de la fin !
AZ : Venez découvrir nos établissements et vivre des moments vrais et inoubliables.