AURÉLIEN PIFFAUT
Président de Famille Piffaut vins et domaines
BG : Racontez-nous l’histoire de votre famille.
AP : L’histoire commence en 1898 avec la création de la Maison Veuve Ambal par Marie Ambal, mon arrière arrière arrière grand mère. A la mort de son mari elle crée une Maison de vins effervescents à Rully dans les Côtes Châlonnaises . Depuis 2005 le siège est transféré le long de l’autoroute A6 à Montagny Les Beaune.
BG : Quelle est l’activité de l’entreprise ?
AP : L’activité d’origine ce sont les vins effervescents et les Crémants de Bourgogne. Mon père à son arrivée à décider de se diversifier. Dans les années 2000, il commence à racheter des vignobles. Aujourd’hui nous sommes propriétaires de 280 hectares en Bourgogne.
BG : Vous faîtes partie des plus gros propriétaires.
AP : Oui en surface, mais notre Domaine est surtout constitué d’appellations régionales, Bourgogne Chardonnay, Pinot noir, Mâcon et aussi des vignes destinées au Crémant.
BG : Vous n’êtes pas sur des appellations haut de gamme ?
AP : Nous disposons de huit hectares de grandes appellations sur la Côte des blancs, Saint-Aubin 1er cru, Meursault, Meursault 1er cru, Puligny, Chassagne et une petite parcelle de Criots-Bâtard.
BG : Vous rentrez dans l’entreprise à la sortie de vos études, diplômé de l’ICN à Nancy.
AP : Après 2 ans d’expérience dans le contrôle de gestion, j’intègre l’entreprise familiale et je pars en mission export aux Etats-Unis. Je pilote ensuite l’activité commerciale en France, puis la France et l’Export, avant de prendre la direction de l’entreprise.
BG : Votre père est toujours à vos côtés ?
AP : Nous travaillons en binôme sur les aspects stratégiques et acquisitions. Mon père a conservé les achats de vins et je dirige l’entreprise au quotidien.
BG : Quelle est votre stratégie de développement ?
AP : On continue le parcours historique sur les vins effervescents et les crémants de Bourgogne, pour fournir la grande distribution et les grands retailers du monde entier. En parallèle, on concentre notre stratégie vers la premiumisation et l’identité bourguignonne. Depuis 2010, on se développe autour de la production de vins de Bourgogne, hors effervescents, avec une volonté de monter en gamme pour suivre le mouvement de valorisation de la Bourgogne. C’est dans ce cadre que nous rachetons en 2015 le Domaine du Château Saint-Aubin et ses huit hectares de grandes appellations. En 2022 nous rachetons la Maison Gabriel Bouvier, basée à Dijon et spécialisée dans les liqueurs d’exception, la Crème de Cassis de Dijon et le Gin.
BG : Quel est le poids de chaque entité dans votre chiffre d’affaires ?
AP : Les vins effervescents représentent la plus grosse activité avec plus de 20 millions de bouteilles, on fait un million de bouteilles en vins Tranquilles et cinq millions de bouteilles de spiritueux, avec Crème de Cassis, liqueurs de fruits et Gin.Notre chiffre d’affaires global est de 100 millions d’euros.
BG : Quelle est la répartition géographique de votre chiffre d’affaires ?
AP : L’export représente 60% des ventes et la France 40%. Les États Unis réalisent 20% des ventes totales.
BG : Vous distribuez auprès d’agents ?
AP : Non, nous avons développé en France et à l’export notre propre réseau de commercialisation, avec des responsables de zones. Nous devons étoffer notre structure en France pour profiter du gros potentiel dont nous disposons sur les vins de Bourgogne.
BG : Qui sont vos clients ?
AP : A la fois la grande distribution et les grands diffuseurs pour les effervescents, les cavistes et les belles tables pour les vins et les bars à cocktails pour les liqueurs.
BG : En Bourgogne, un des enjeux est de disposer du bon sourcing compte tenu de la forte demande.
AP : Oui et nous disposons de points forts du fait de notre histoire et de notre poids avec les Crémants, nous avons les connexions. Aujourd’hui pour garantir leurs approvisionnements et pallier aux risques climatiques, toutes les belles Maisons sont à la fois négociant et viticulteur.
BG : Quelle est votre plus belle appellation ?
AP : Nous avons une “ ouvrée ” en Criots-Bâtard qui produit, les bonnes années, 300 bouteilles d’exception.
BG : Quels sont vos projets et vos enjeux ?
AP : Nous voulons conforter nos acquis et nos positions. Nous sommes largement leaders en Crémant de Bourgogne et il y a une ambition face à l’évolution stratosphérique des prix du Champagne, car le Crémant de Bourgogne est au niveau de beaucoup de champagnes. Nous participons à sa montée en gamme. En parallèle nous poursuivons notre premiumisation et nous construisons l’image de notre Maison sur les Grands vins de Bourgogne et les spiritueux.