Le bon goût des produits
Beaugrain est spécialisé dans le négoce et la livraison de produits frais premium auprès des métiers de bouche. Marie-Claire Poirier, sa présidente, est fille d’un éleveur de l’Aubrac et d’une mère bretonne, elle grandit au milieu des beaux produits de la ferme familiale. Au sortir de son école de commerce, elle créée il y a 15 ans Carré Bio qui deviendra Beaugrain. Fin 2023, elle s’associe au groupe Boucheries Nivernaises, dirigé par Jean-Baptiste Bissonnet, réputé pour ses viandes d’exception et fournisseur attitré de l’Elysée et des plus belles tables.
Nous nous concentrons sur les produits frais de grande qualité et nous proposons un service optimal.
BG : Comment est née l’idée de créer votre entreprise ?
Marie-Claire Poirier : J’ai grandi à la ferme. On cultivait le potager et on élevait des bêtes et des volailles. Quand on mangeait, on savait ce qu’on avait dans l’assiette. En sortant de mes études, j’ai eu l’envie de commercialiser de beaux produits, et notamment la viande de mon papa, éleveur à Laguiole.
BG : Qu’est-ce qui vous a démarquée ?
MCP : Je me suis spécialisée dans les belles races françaises et en bio. Et je ne fais que du frais. A l’époque, la viande était souvent d’origine européenne... Comme je n’ai pas froid aux yeux, je suis allée voir les grandes tables parisiennes et notamment le groupe Costes.
BG : Vous connaissiez la viande ?
MCP : Non, à part son goût ! J’ai eu la chance de me former chez Le Bourdonnec, un savoir-faire unique.
BG : De la viande, vous passez aux fruits et légumes...
MCP : Oui, pendant le Covid, je rachète une entreprise qui sélectionne les meilleurs produits. D’abord par conviction personnelle, je pense en effet qu’il faut manger moins souvent de la viande et parce que le végétal est incontournable pour compléter notre offre.
BG : Il y a deux ans, vous vous développez également dans la crèmerie...
MCP : Oui, pour avoir une offre complète en produits frais et satisfaire la demande de nos clients et les fidéliser. Travaillant avec la même logique de qualité, nous allons beaucoup développer notre offre. Aujourd’hui nous travaillons avec la Maison d’Isigny et de très bons fournisseurs italiens.
BG : Quelle est votre valeur ajoutée par rapport aux grands du secteur ?
MCP : Nous nous concentrons sur les produits frais de grande qualité et nous proposons un service optimal. Organisés par pôles et par spécialités, nous connaissons la plupart des producteurs avec lesquels nous travaillons essentiellement en direct. Les produits arrivent le matin avant 7h et sont livrés aux clients dans la journée. Nous livrons 7 jours sur 7, et nous assurons 2 tournées quotidiennes souvent pour dépanner nos clients.
BG : Comment sourcez-vous pour garantir les meilleurs produits ?
MCP : Prenons l’exemple des fruits et légumes. Nous avons constitué un réseau solide de producteurs que nous visitons régulièrement. Si nous cherchons un produit qui n’est pas à notre gamme, nous pouvons compter sur l’ami d’un ami d’un de nos fournisseurs pour nous le trouver. Nous ne travaillons que des produits de saison, et soutenons la filière agricole pour assurer un suivi de qualité à nos clients. Chez un producteur, nous vérifions sa façon de travailler en hors-sol, en plein champ, en pleine terre ; la question du rendement est également essentielle, plus on produit sur un terrain, plus le goût est dilué. Le volume en tonnes à l’hectare est également important, il différencie l’intensif et l’extensif. Nous procédons de la même manière pour acheter le lait ou la crème. Une vache qui produit 10 litres de lait par jour ne donne pas le même lait qu’une qui en produit 50 ! Nous vérifions également si les intrants avec lesquels travaille le producteur sont phytosanitaires ou organiques.
BG : Et pour la viande ?
MCP : Nous sélectionnons les meilleures bêtes, mais nous ne faisons pas la découpe.
BG : Beaugrain en quelques chiffres ?
MCP : Nous réalisons cette année 13 millions de chiffre d’affaires répartis à parts égales entre la boucherie, les fruits et légumes et la crèmerie et poissonerie. Nous réalisons 45% à l’export, 40% à Paris et 15% en régions. A l’export, 75% des ventes concernent des protéïnes animales ; nous expédions en Asie, en Amérique, en Afrique, au Qatar et aux Emirats Arabes Unis.
BG : Qu’attendez-vous de votre rapprochement avec les Boucheries Nivernaises ?
MCP : Nous sommes deux entreprises familiales avec des valeurs communes : l’amour du produit, le respect du client, une même vision du développement de l’offre notamment dans le végétal. Nous unissons nos savoir-faire et développons des synergies.
BG : Est-ce que vous cuisinez ?
MCP : J’aime beaucoup cuisiner pour mon mari et mes enfants, et aussi lorsque nous recevons la famille et les amis. Par conviction et pour la santé, nous mangeons peu de viande, sauf pour les grandes tablées familiales où mon mari adore cuire au barbecue de grosses pièces de viande.
BG : Vos tables préférées ?
MCP : Celles où je connais la provenance des produits comme l’Hôtel Costes ou la Brasserie Costes aux Invalides.
BG : Un grand moment à table ?
MCP : Chez Michel Bras à Laguiole avec mes parents où nous fêtions mes 18 ans ; je me souviens d’un aligot extraordinaire. Et puis chez Passard avec mon mari, j’ai en mémoire son plat de haricots verts avec des tomates et une mayonnaise montée à la capucine. Mais j’aime encore plus les grandes tablées familiales à la maison avec des produits qui ont du goût et des recettes simples, comme une blanquette de veau.
BG : Pour vous ressourcer ?
MCP : La maison familiale à Laguiole. J’adore camper dans le jardin pour la plus grande joie de mes enfants. J’aime aussi Biarritz où j’ai de la famille et où l’on mange bien, et puis la Bretagne à Quiberon, le fief maternel.