Daniel Karyotis

Rencontres de Bongoût 16 septembre 2024
Daniel Karyotis

Daniel  Karyotis 
Directeur général Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes

Marié, père de quatre enfants, Daniel Karyotis est champenois, avec des origines grecques du côté paternel et bordelaises du côté maternel. « Un étonnant cocktail » à base d’ouzo, de bordeaux et de champagne, pour ce passionné de vin et de bonne chair! Après ses études à Science Po Paris et un 3ème cycle en finance,, il suit un parcours financier à la Société Générale puis chez Standard and Poor’s, l’agence de rating américaine. Mais il se définit avant tout comme un homme du groupe Banque Populaire-Caisse d’Epargne (BPCE) où il fait l’essentiel de sa carrière. Successivement Président du directoire de la Caisse d’Épargne Champagne-Ardenne, Président du directoire de la Banque Palatine, Directeur Général de BPCE à Paris, il arrive à Lyon en 2016 pour réaliser la plus importante fusion au sein des Banques Populaires. L’opération consiste à rassembler les trois banques régionales de Lyon, Grenoble et Clermont-Ferrand et leurs 3800 collaborateurs pour avoir les moyens et l’ambition de devenir une banque régionale de premier plan, orientée principalement  professionnels et entreprises. Homme chaleureux, visionnaire et personnalité inspirante, Daniel Karyotis se met à table pour BONGOUT et nous donne son regard de banquier sur les défis auxquels sont confrontés les entreprises.


BG: Parle t-on de concurrents dans la banque comme dans les autres formes de distribution?

DK: Il y a 20 ans on parlait encore de confrères, aujourd’hui nous sommes clairement en concurrence ce qui n’exclut pas le respect.

BG: Comment se positionne la Banque Populaire en Rhône-Alpes par rapport à ses concurrents?

DK: D’abord Lyon et sa région peuvent s’appuyer sur des banques régionales importantes et solides et c’est essentiel pour son développement. Aujourd’hui notre stratégie est d’accompagner toutes celles et ceux qui entreprennent et prennent des risques ; nous sommes la banque de l’entreprenariat et des entreprises !

BG: C’est rassurant, car dans notre pays on a le sentiment qu’on freine la prise de risque et donc la volonté d’entreprendre.

DK: C’est la valeur ajoutée de notre Banque, notre ADN et nous accompagnons les créateurs comme les PME et les ETI.
Nous avons également développé avec la fusion, une importante filiale de capital investissement, Garibaldi Participations, dotée de plus de 120 millions d’euros, pour accompagner la croissance des entreprises.

BG: Avec votre expertise de la Finance et votre expérience exceptionnelle dans le milieu bancaire, pouvez-vous nous éclairer?
Quels sont les enjeux auxquels sont confrontés les entreprises?

DK: Le monde se transforme sous nos yeux depuis une vingtaine d’années ; la crise du Covid n’a fait que l’accélérer. Les premières fractures sont apparues en 2000 et 2001 . Le monde fut frappé par la bulle technologique, puis ce sont les attentats du World Trade Center à New York dont on mesure encore aujourd’hui les conséquences. Huit ans plus tard c’est la chute de Lehman Brothers, la plus importante crise financière depuis la crise de 29. Et enfin, plus récemment, la crise engendrée par le Covid. Nous sommes dans une société et une économie qui se transforment à grands pas et on est, je crois, au coeur de cette nouvelle révolution économique et sociétale. Des changements fondamentaux étaient apparus que la crise du Covid a accéléré, comme le développement de l’e-commerce, du télétravail et de nouvelles organisations du travail. La guerre en Ukraine a été un autre accélérateur et nous a fait prendre conscience de notre vulnérabilité. Et puis la mesure des impacts du réchauffement climatique a conduit chacun d’entre nous, surtout les plus jeunes, à avoir un regard différent sur l’environnement et la société. La notion de mortalité est vécue différemment et nous avons conscience que la biodiversité est menacée. On n’imaginait pas cela  il y a 20 ans. Toutes ces prises de conscience amènent des changements de comportement importants sur la façon de consommer, d’appréhender l’entreprise et sa vie personnelle. Dans ce monde baigné d’incertitudes, où la peur du lendemain existe, l’essentiel n’est il pas ailleurs? Tout cela redistribue les cartes.

BG: Pensez-vous qu’il n’y a plus le même attachement à son entreprise?

DK: Les priorités sont différentes. C’est une menace pour la croissance ou la survie des entreprises qui perdent des compétences ou ont du mal à en attirer, car leur modèle ne séduit plus. On reste attaché à sa boite, mais on peut la quitter parce qu’on y trouve plus de sens.

BG: Il y a aussi la menace liée aux nouvelles technologies qui connaissent une véritable révolution, notamment avec l’IA?

DK: L’histoire se répète. J’ai le souvenir en 2006 de Black Berry qui n’a pas vu l’arrivée du tactile et de l’Iphone en 2007. Cette entreprise qui pesait 50% du marché a failli disparaître. Aujourd’hui on assiste a des micro révolutions tous les jours. La volatilité et l’imprévisibilité deviennent le nouveau fil conducteur de nos activités. C’est très perturbant car on a été formés avec la linéarité des activités et des environnements. On doit penser et agir en s’adaptant aux nouvelles attentes.

BG: Alors que demande le banquier pour accompagner les entreprises dans ce monde en pleine évolution?

DK: Il faut d’abord qu’on change nos grilles d’analyse pour comprendre et intégrer l’évolution des secteurs d’activité.
Il faut qu’on soit des observateurs éclairés, si l’on veut revendiquer la pertinence de les accompagner. Il faut veiller à ne pas être des donneurs de leçon et faire preuve de beaucoup de lucidité et d’humilité. L’évolution des entreprises dépend beaucoup du courage des banques à prendre des risques à leurs côtés.

BG: Merci Daniel pour cette analyse inspirante et pour votre éclairage qui remet bien les priorités en place sur l’échiquier.
Alors dans cette course à une vie meilleure quelle est votre appétence  en matière de bon vivre? Êtes-vous un épicurien?

DK: J’ai ce paradoxe d’aimer la bonne chair et le bon vin et de faire attention à ma santé, car sinon, je prendrais les kilos que l’on m’avait prédit quand je suis arrivé à Lyon en 2016. Je suis un adepte des micro plaisirs pour contrebalancer parfois les macro emmerdements. Dans ces environnements durables de changement et d’anxiété, il ne faut jamais renoncer à se faire des micro plaisirs, comme ouvrir une bonne bouteille ou se faire une bonne table. C’est un vrai sas de décompression.  Le reste du temps j’essaie de consommer de manière équilibrée.

BG: La table est-elle toujours un lieu privilégié pour le business?

DK: Banquier, chef d’entreprise, je faisais souvent des repas d’affaires où l’on passait trois heures à table ou plus. Ce temps est révolu et je pense que c’est mieux ainsi. Les plaisirs de la table doivent être préservé et on ne peut pas mélanger l’intérêt porté à notre interlocuteur et apprécier l’environnement, la qualité des mets et le service.
Le fait de dissocier les deux est préférable. On n’accorde moins de temps au déjeuner aussi. J’adore la table et tout ce qu’elle représente, petite ou grande, mais il faut savoir prendre son temps comme le disait Kundera dans « la Lenteur ».. C’est précieux de prendre son temps. C’est devenu un peu antinomique avec le business.

BG: Champenois d’origine êtes-vous amateur de vin?

DK: D’abord, j’adore le champagne qui est un vin. En matière de vin je suis très ouvert, je me laisse guider facilement pour sortir des grands classiques.

BG:  Comment choisissez-vous un restaurant?

DK: Comme le vin, j’aime bien découvrir, souvent par bouche à oreille. À côté de quelques valeurs sûres comme le Bistrot d’Abel à Lyon rue de la Bourse et de quelques étoilés comme Anne Sophie Pic et Guy Savoy, j’aime tester de nouveaux plats ou de nouvelles adresses.  

BG: Quel est votre style de management?

DK: Je donne beaucoup d’autonomie et je fais attention à ce que l’environnement de travail et la convivialité permettent à chacun  donner le meilleur de soi même.

BG: Quelle est votre recette du succès?

DK: D’être en harmonie avec soi même, ne pas jouer un rôle. Pour durer il ne faut pas se renier et être en phase avec ses valeurs.

BG: Pour vous échapper ?

DK: Je fais beaucoup d’exercices et aussi de sport, course à pied, vélo, natation et ,quand cela se présente, un match de foot. Sans oublier le ski en hiver !

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