Son métier ? Restaurer et ressusciter des espaces. À la tête de l’agence qui porte son nom, l’architecte d’intérieur Dorothée Delaye s’amuse depuis plus de 12 ans à réveiller des lieux endormis, secouer des héritages “parfois trop figés” affirmant avec le sourire aimer “glisser du Bowie dans du Beethov”. Hôtels, restaurants, mais aussi maisons et appartements, en France ou à l’étranger… son terrain de jeu est immense. Aujourd’hui, elle partage son temps entre ses deux bureaux situés à Paris et Marseille et nous reçoit dans son intérieur marseillais, ouvert sur la Méditerranée - l’une de ses sources d’inspiration bien-aimées. Rencontre.
BG : Dorothée, racontez-nous votre dernier projet, l’ouverture du restaurant Mimosa à Londres.
DD : Fort du succès du restaurant Mimosa à Paris à l’Hôtel de la Marine, mon client, Moma group, a souhaité déployer la marque Mimosa à l’international, en gardant le fil rouge des sites historiques exceptionnels. Après plusieurs visites, l’hôtel Langham nous est apparu comme une évidence. Nous souhaitions faire voyager les londoniens dans une parenthèse méditerranéenne. Murs roses faisant écho aux façades de maisons de Menton, chaises et luminaires en acajou, fresque représentant des créatures entre terre et mer… L’atmosphère est chaleureuse, solaire et généreuse. Et l’invitation au voyage, bien réelle.
BG : En quoi est-il différent du restaurant Mimosa à Paris ?
DD : Les espaces sont différents par rapport à Paris. La salle de Londres est totalement en rotonde et bénéficie de plusieurs alcôves et d’une salle privatisable. Nous sommes restés cohérents avec l’ADN Mimosa à travers certains marqueurs forts comme les pales des lustres (inspirés des ventilateurs des années 60) ou certains tissus moirés, mais le projet est bien unique. La moquette et la fresque ont par exemple été créés sur-mesure pour le projet, dessinés par l’agence.
BG: Quels sont les artistes qui influencent votre travail ?
DD : Il y a énormément d’artistes qui influencent mon travail. Difficile de n’en citer que quelques-uns. Les idées naissent de rencontres et c’est grâce à de nouveaux artisans que nos idées fleurissent. Je pense à des
céramistes, des peintres, des ébénistes, des écrivains, des cinéastes… J’ai un penchant pour les designers brésiliens et leur travail spectaculaire du bois sculpté comme José Zanine Caldas, ou l’architecte espagnol Ricardo Bofill pour ses œuvres post-modernistes.
BG: Quelle est la patte Dorothée Delaye? Quels sont vos matériaux de prédilection ?
DD : Des projets chaleureux, éclectiques, solaires et intemporels. On m’a parlé récemment de mes plafonds souvent colorés… J’affectionne aussi le travail du bois dans toutes ses formes : sculpté (souvent des bois exotiques) ou teinté dans la masse. Mais aussi la céramique, la pierre… souvent des matières naturelles.
BG: Quelles sont les actualités de l’agence ?
DD : Nous terminons la conception de plusieurs lieux : deux hôtels 5 étoiles à Bandol, un hôtel à la Baule, un hôtel à Marseille, un hôtel particulier Place des Vosges à Paris, des restaurants à Nice, à Saint Tropez… bref une actualité très riche pour l’agence ! Sans compter une collection de mobilier présentée à la Design Week de septembre chez Elitis.
BG: Quelle est votre définition du “style” ?
DD : Ma définition du style c’est justement de faire en sorte de ne pas en avoir. Se faire confiance et fuir la facilité. Il n’y a pas de règle en déco. Un mélange d’instinct, de personnalité, et d’équilibre fonctionne souvent très bien.
BG: Vous partagez votre temps entre Marseille et Paris. Quelles sont vos tables préférées dans les deux villes ?
DD : Mes derniers coups de cœur à Marseille : AMO, A Moro, Tamaly, la Poissonnerie Kennedy, Ippon. Et pour Paris : les tapas du Déviant ou le Vesper pour le côté festif… J’ai aussi un gros faible pour les cantines asiatiques Momo House et 21G Dumpling. Et forcément, Mimosa pour les déjeuners mondains où je ne me lasse pas de la cuisine de Jean-François Piège !
