EMMANUEL DUCHANGE
Le goût JUSTE
Chez JUSTE, chaque chose est là pour une raison. On revient à l’essentiel de l’hôtellerie, au basique comme bien dormir !
On a créé JUSTE en pensant qu’il existe un espace entre les hôtels de chaîne, impersonnels et codifiés et le lifestyle où l’on s’est beaucoup perdu dans la déco et l’effet waouh.
BG : Vous rachetez en 2020, en plein Covid, ce bâtiment exceptionnel au coeur du 6ème arrondissement de Marseille.
ED: Notre idée était de créer une nouvelle forme d’hôtellerie, au coeur des grandes métropoles françaises, en investissant et en réhabilitant des bâtiments qui ont une histoire. Marseille est notre ville de coeur et nous voulions créer le prototype ici. Notre première acquisition est l’ancien consulat d’Algérie, très endommagé après un attentat meurtrier en 1973. Il y a un an, nous y avons ouvert la première Maison JUSTE, à quelques minutes à pied du Vieux-Port, avec 18 chambres.
BG : Vous dîtes nous, qui sont vos partenaires ?
ED: Je suis associé avec Mateo, Mathieu Ferrand, patron d’ONLY PRO, le label de management d’artistes, qui gère notamment Louane et Soprano.
BG : Vous êtes un professionnel reconnu de l’immobilier, ancien directeur général de Constructa Urban Systems et co-fondateur de Pivot Panda, Mateo un acteur incontournable de la musique, qu’est-ce qui vous a inspiré pour monter ce projet en commun ?
ED: Au gré d’une rencontre, nous avons échangé sur nos voyages et les hôtels. On avait la même vision et l’idée est née de faire un projet ensemble, différent de ce que l’on vivait dans nos multiples déplacements. Un hôtel comme à la maison, en revenant aux fondamentaux.
BG : Comment avez-vous travaillé sur ce projet ?
ED: Nous nous sommes inspirés de ce qui nous semblait être le meilleur de l’hôtellerie, d’Airbnb ou du coliving.
BG : Comment définissez-vous JUSTE ?
ED: JUSTE revient à l’essentiel. On a d’abord besoin de bien dormir, donc d’une excellente literie, d’obscurité et d’insonorisation. Ensuite d’avoir une salle de bain spacieuse, de nombreuses prises et un bon wifi. Enfin d’un ménage parfait. Chez Maison JUSTE tout est pensé pour qu’on se sente bien, décontracté après une journée à courir. En dehors d’une chambre confortable, l’espace commun est comme à la maison. On boit un café ou une boisson, en libre service, on écoute un vinyle de la collection à disposition ou on se plonge dans un bouquin de la bibliothèque. On peut se prélasser dans un canapé ou faire une pause dans le jardin. Chez JUSTE tout est compris dans le prix de la chambre.
BG : Pour être au juste prix vous avez également réduit le personnel.
ED: Revenons toujours à l’essentiel et vivons avec notre époque. Nous n’avons pas de réceptionniste, le Check-in et le Check-out se font via l’application Aeroguest. Nous avons un maître de maison qui est à la disposition de nos hôtes pour les renseigner et les guider pour leurs sorties et des personnes d’entretien très soucieuses de la relation avec nos clients et aux petits soins. Chez JUSTE clients et collaborateurs sont traités avec un bon équilibre, afin que tout le monde soit heureux.
BG : Quel est le juste prix ?
ED: Nous commençons à 100e et on va jusqu’à 200e pour une chambre pour 4 personnes, équipée d’un lit double et de deux lits superposés. Toutes nos chambres disposent d’une kitchenette.
BG : Quel est votre objectif à terme ?
ED: Nous travaillons sur un deuxième projet à Marseille, avec plus de chambres et souhaitons rapidement à travers différentes Maisons JUSTE proposer plus d’une centaine de chambres dans la ville. Ensuite, nous nous développerons sur différentes métropoles françaises, notamment Bordeaux, Nantes, Lille, Lyon. A chaque fois nous privilégions la réhabilitation de bâtiments du patrimoine de la ville pour participer ainsi à revaloriser les centre-ville et leur architecture.
BG : Quel format recherchez-vous ?
ED : Idéalement entre 800 et 2000 m2, des bâtiments avec une âme disposant d’un extérieur.
BG : Avez-vous également une politique en ce qui concerne les entreprises avec qui vous travaillez ?
ED : Oui, nous travaillons essentiellement avec des artisans ou des petites entreprises familiales locales, qui partagent nos valeurs. De même nous faisons confiance à de jeunes designers et à des start-up.
BG : Vous n’êtes pas des pros de l’hospitalité, comment managez-vous ?
ED: Nous déléguons à Marie, notre manageuse générale. En matière de ressources humaines, sujet crucial aujourd’hui dans ce métier, nous nous efforçons d’être très à l’écoute et d’impliquer nos collaborateurs. Pour être juste, il faut vivre dans un équilibre général.
BG : La première année semble très prometteuse…
ED : Oui, nous sommes cotés 9/10 sur Booking qui représente 60% de nos réservations.
BG : Quelle est votre clientèle ?
ED : La majorité sont des 25-45 ans qui ont besoin d’hyper-centralité et se déplacent à pied ou en métro. Nous avons également une clientèle plus traditionnelle de 45-65 ans qui est heureuse de retrouver les fondamentaux de l’hôtellerie sans extravagance ni « chichi ».
BG : Vous ne proposez pas de restauration ?
ED : Non, là encore, nous allons à l’essentiel. Nous apprenons déjà le métier d’hôtelier et surtout nous souhaitons être un partenaire pour les nombreux restaurants de qualité qui nous entourent. De même, pour le petit déjeuner nous travaillons avec le coffee-shop du bas de la rue et une start-up qui livre le matin un sac petit-déjeuner qui est accroché à la porte de la chambre qui en a fait la demande.
BG : Emmanuel, vous êtes un serial entrepreneur ! Vous présidez également le Festival Marsatac, créé par Béatrice Desgranges il y a 20 ans.
ED : Oui, j’avais envie de nouvelles aventures quand j’ai quitté Constructa en 2017 et elle m’a proposé de la rejoindre pour développer sa société de production. Marsatac, c’est le festival des musiques actuelles, très orienté hip hop, qui réunit près de 40000 personnes le deuxième weekend de juin à côté de l’hippodrome au Parc Borelli avec vue sur le Prado. C’est un festival ultra-responsable, on travaille notamment avec l’application SAFER, qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles… C’est une grande fête une fois par an, un contact avec la jeunesse, la culture, l’innovation. Je m’occupe aussi de l’association le Grand Bleu, elle initie des enfants des quartiers Nord à l’aisance aquatique et à la natation.
BG : Vous avez co-fondé Pivot Panda, un contractant général du bâtiment.
ED : Oui, je l’ai créé avec Guillaume Tanguy avec qui j’ai collaboré de nombreuses années chez Constructa. Nous réhabilitons beaucoup de bâtiments patrimoniaux. Nous faisons à la fois de la construction et de la rénovation. Parfois, nous investissons. Nous disposons également d’une société de transactions. C’est un très beau projet, car nous participons à notre échelle à la reconstruction de cette ville de Marseille que nous aimons tant.
BG : Quelles sont vos bonnes adresses de restaurants à Marseille ? Que recherchez-vous d’abord ?
ED : Je suis très sensible à la qualité du service, au sourire du personnel qui en dit long sur la qualité du management et au fait d’être bien accueilli. On pardonne une assiette « pas tout à fait à la hauteur », mais pas un service « à peu près ». J’apprécie « Les Réformés » et son rooftop époustouflant, on peut y écouter de la bonne musique, déjeuner ou dîner entre amis sur de grandes tables, avec une vue fabuleuse sur Marseille, le tout avec un service parfait. Le rooftop « Ciel »est également très agréable et sa vue extraordinaire. J’aime aussi les pizzas du « Romarin », « la Boîte à Sardines », en haut de la Canebière et le « Longchamp Palace », très prisé pour ses cocktails avec son petit jardin sur le boulevard Longchamp. J’aime aussi aller boire un verre ou dîner sur les terrasses du Sofitel ou l’Intercontinental et profiter d’une vue fabuleuse sur Marseille. Marseille est une ville de poissons, il y a de très bons restaurants. Je suis un habitué du restaurant « Au Bout du Quai », entre le Mucem et la Mairie, on y déguste des supions et de très bons risottos. Marseille a globalement beaucoup progressé en matière de gastronomie…