PROPRIÉTAIRE DE TRIGANO,
LEADER EUROPÉEN DU CAMPING-CAR
Créé en 1935, Trigano connaît ses heures de gloire avec les congés payés en vendant aux nouveaux vacanciers ses fameuses toiles de tente. La marque dirigée par la famille Trigano se diversifie, après la deuxième guerre mondiale, dans la distribution d’articles de sport et de camping. A la suite d’importantes difficultés, l’entreprise est reprise par le Crédit Lyonnais en 1974. François Feuillet rejoint TRIGANO en 1981 puis rachète l’entreprise en 1987, à la suite de sa privatisation sous le gouvernement Chirac.
C’est ensuite une formidable aventure et une renaissance pour TRIGANO, introduite en bourse au SBF 120 en 1998 et dont François Feuillet détient toujours la majorité. Grand amateur de bonnes tables et de grands vins, François Feuillet est également propriétaire d’un domaine viticole en Bourgogne sur la Côte-de-Nuits. Fin cuisinier, il rêve de s’acheter un restaurant, pour y manger la cuisine qu’il aime, une cuisine de tradition, roborative.
BG : Comment présente-t-on François Feuillet ?
FF : Stéphanois de naissance, je grandis entre Lyon et la Vallée du Rhône au fil des affectations professionnelles de mon père ingénieur. Après une prépa au Lycée Ampère à Lyon, je pars à Paris où j’intègre HEC. Après un passage classique dans l’audit, je rejoins la Compagnie française de meuble comme membre du directoire. En 1981, je suis débauché par le Crédit Lyonnais pour prendre la direction de Trigano, une de leurs filiales en difficulté. J’y suis toujours, 42 ans plus tard.
BG : Vous êtes reconnu pour votre appétence pour la table, est-ce dû à vos origines en terre lyonnaise ?
FF : Certainement, j’ai le souvenir des bouchons lyonnais et de la cuisine roborative des Mères Lyonnaises. Plus jeune, quand nous habitions en Vallée-du-Rhône, je passais avec le car scolaire devant la Maison Guigal. Une belle époque où le Côte-Rôtie et le Condrieu étaient accessibles au plus grand nombre. Je suis un peu nostalgique de cette époque où l’on trouvait des bons produits.
BG : Vous aimez la cuisine lyonnaise ?
FF : J’aime la cuisine familiale, roborative. Quoi de meilleur que des cardons à la moelle. Mais en dehors de Lyon, en novembre et décembre, on en trouve nulle part. J’ai la mémoire également des Tricandilles, des intestins de porc, qu’on mangeait croustillants dans les bistrots aux abords des abattoirs à Bordeaux. J’ai découvert la cuisine bordelaise quand j’étais à la Compagnie française du meuble, nous y avions une usine.
BG : Parlez-nous de votre parcours avec TRIGANO.
FF : Je suis appelé par le Crédit Lyonnais en 1981 pour redresser cette filiale très déficitaire qui avait subi plusieurs diversifications hasardeuses. Elle comptait 500 collaborateurs, disposait de deux usines dans le Nord et à Tournon en Vallée-du-Rhône et faisait des caravanes, des remorques et de la distribution d’articles de sport. En 1987 avec un associé nous rachetons à 50/50 l’entreprise que l’Etat privatise pour 1 Franc. 42 ans après j’y suis toujours, propriétaire de 58 % du capital.
BG : Vous êtes présents dans le monde entier ?
FF : Principalement en Europe où nous sommes leader, nous ne sommes pas aux Etats-Unis, ni en Asie du Sud-Est. TRIGANO emploie 11 000 personnes et réalise 3.5 milliards de chiffre d’affaires. La France représente 25 % de notre CA derrière l’Allemagne. Nous nous sommes diversifiés dans le Camping-Car, un marché plus porteur que la caravane. Nous sommes implantés industriellement dans la plupart des pays européens. Nous avons encore une activité de confection en France et en Tunisie où nous fabriquons des toiles de tente, principalement pour l’Armée.
BG : Vous intéressez-vous au marché de l’occasion ?
FF : Oui, c’est un marché qui se structure et où il y a une forte demande. Nous sommes leader de la distribution en Angleterre et nous avons racheté une cinquantaine de distributeurs en France.
BG : Comment imaginez-vous l’avenir de l’entreprise ?
FF : Bien que propriétaire, je m’en sens d’abord le gardien, certainement du fait de mes racines modestes. Je souhaite surtout que l’entreprise se développe, qu’elle permette des carrières longues et ambitieuses et qu’elle préserve l’industrie et l’emploi dans des zones rurales où nous sommes souvent le premier employeur.
BG : Vous êtes propriétaire d’un domaine en Bourgogne ?
FF : Mon épouse est de Nuits Saint Georges et mon beau-père courtier en vins m’a initié au plaisir du vin. J’ai acquis des premières parcelles en 1991 et j’ai constitué depuis un domaine de 13 ha avec notamment un Echezeaux grand cru et un Clos de la Roche.
BG : Depuis cette date les grandes fortunes ont beaucoup investi en Bourgogne.
FF : Oui, les prix ont explosé et atteignent parfois des dizaines de millions l’hectare, mais ça ne fait pas la qualité du vin. Pour ma part, je me suis associé dès l’origine, dans un modèle peu répandu de métayage, avec un jeune vigneron. Il est devenu le meilleur vinificateur de sa génération. Nous avons tous les deux la même idée de faire du bon vin.
BG : A qui vendez-vous votre vin ?
FF : Je fais très peu de démarches commerciales. Nous avons un excellent vin, classé meilleur vin de France par la Revue des Vins de France. Nos marchés acheteurs sont surtout, le Japon, l’Angleterre, la Chine et les Grandes Tables. Depuis quelques années de jeunes chefs de la bistronomie mettent également de belles bouteilles à leur carte. Mais à 100€ dans les premiers prix, ça double le montant de l’addition pour 2.
BG : Etes-vous implantés ailleurs qu’en Bourgogne ?
FF : Non, je ne suis qu’en Bourgogne, où j’espère continuer à développer mon domaine.
BG : Vous aimez la table ?
FF : Oui et j’ai toujours voulu racheter un restaurant. Ça ne s’est pas encore réalisé, mais j’aime être à table et aussi cuisiner des plats très traditionnels.