La Maison Guigal

L’histoire de la Maison Guigal commence avec le grand père, Étienne, fier d’être Vigneron. Il arrive à Ampuis à l’âge de 14 ans, où il est embauché par la prestigieuse Maison Vidal-Fleury, propriétaire en Côte-Rôtie depuis 1781. Il commence dans les vignes. Jeune, travailleur et ambitieux, il gravit tous les échelons jusqu’à devenir chef de culture. Il apprend ensuite à faire du vin passe du poste de chef de cave à celui de fondé de pouvoir de cette Maison, qui devient, sous sa direction, la plus importante de la Vallée du Rhône, aussi bien en volume qu’en valeur. Au retour de la seconde guerre mondiale, il prend la décision de quitter la direction de Vidal-Fleury et de tout redémarrer à zéro pour créer sa propre Maison de vins. C’est ainsi que la Maison Guigal est fondée, le 1er janvier 1946, sur des bases qualitatives familiales très fortes et sur lesquelles son fils Marcel et son petit-fils Philippe travaillent encore aujourd’hui. « Nous devons énormément à mon grand-père qui a consacré sa vie à la vigne et au vin, réalisant 67 récoltes. Je travaille avec mon père Marcel qui a réalisé l’an dernier son 64ème millésime » déclare Philippe, Directeur Général et Œnologue de la Maison Guigal, présent depuis 30 ans dans l’entreprise.

BG: Avez-vous fait ce métier par tradition familiale ?
PHILIPPE GUIGAL : C’est un métier de passion, comme celui de Chef de cuisine, avec une dimension supplémentaire qui est le rapport à la terre. J’ai su dès l’âge de 10 ans que je voulais faire ce métier. Œnologue de formation, je suis un technicien, passionné par le travail de la vigne et du vin.

BG: Passez-vous cette passion à vos enfants ?
PG : Avec mon épouse nous avons failli à la tradition familiale, mon père était fils unique, je suis fils unique et nous avons eu deux fils : des jumeaux ! La quatrième génération est en marche. Nos enfants sont encore jeunes, l’un de nos garçons a exprimé son envie de faire du vin, l’autre réfléchit.

BG: Votre père Marcel prend très jeune la direction de l’entreprise.
PG : Mon père est un autodidacte, il est effectivement très jeune lorsqu’il rejoint l’entreprise familiale en 1961. Son père est brutalement frappé de cécité totale et il est contraint d’abandonner l’école pour lui venir en aide, il n’a alors que 17 ans.

BG: Comment dirigez-vous la Maison Guigal ?
PG : J’ai la chance que mon père soit en bonne santé, nous co-pilotons l’entreprise. Nous sommes une jeune Maison, beaucoup d’autres ont des siècles de plus que nous, cependant nous avons avancé vite en suivant
notre feuille de route : nous sommes rhodaniens et nous nous consacrons  pleinement à notre région. Aujourd’hui, nous sommes présents du Nord au Sud de la Vallée du Rhône.

BG: La marque Guigal est connue dans le monde entier, souvent plus connue que l’appellation.
PG : Nous ne faisons pas de vin sans appellation, au contraire, nous jouons le jeu de l’appellation. Nous nous efforçons à travailler l’ensemble de nos vins de la manière la plus qualitative possible en gardant pour objectif qu’ils
soient pleinement représentatifs de leur appellation. Nous apposons notre marque à l’appellation que nous utilisons sous son meilleur profil. Le Côtes du Rhône Guigal, produit à hauteur de 5 millions de bouteilles, en est le parfait exemple. C’est la plus humble des appellations que nous produisons et pourtant il bénéficie de la même attention que nos crus les plus prestigieux. Il est le résultat d’un travail minutieux de sélection de vins hauts de gamme, de notre savoir-faire familial et bénéficie d’un élevage prolongé. Il est aujourd’hui reconnu pour sa qualité sans faille millésime après millésime et son excellent rapport qualité prix.

BG: Vous avez combien de Domaines ?
PG : La Maison Guigal est propriétaire en Rhône septentrional de vignobles situés en Côte-Rôtie, Condrieu, Saint-Joseph, Crozes-Hermitage et Hermitage à hauteur de 75 hectares. En 1981 nous avons racheté la Maison Vidal-Fleury, un investissement d’abord sentimental pour mon grand-père et qui garde aujourd’hui encore une autonomie complète. Nous avons acquis le Château de Nalys, une des plus anciennes propriétés de Châteauneuf-du-Pape en 2017 dont les 75 hectares sont exclusivement dédiés à cette appellation historique. En 2022, nous sommes devenus propriétaires du Château d’Aqueria dont l’histoire remonte à 1595. Fleuron des appellations Tavel et Lirac, son vignoble s’étend sur une centaine d’hectares de vignes. Soit au total 250 hectares de vignes, propriétés de la Famille Guigal.

BG: Tous vos Domaines ne portent pas la marque Guigal.
PG : Non, car certains de nos Domaines ont leurs propres œnologues avec des sensibilités différentes de la nôtre. Nous leur demandons simplement d’avoir la même exigence de qualité que celle que nous appliquons au quotidien.

BG: Quelle est votre recette du succès pour avoir réussi une telle montée en gamme ?
PG : Il y a beaucoup d’humilité derrière l’appellation Côtes du Rhône, de la modestie. Notre marque de fabrique se résume dans le fait que nous pouvons produire des vins hauts de gamme dans une appellation populaire. Produire des vins référents dans toutes les appellations où nous sommes intervenants, en tant que propriétaires, vinificateurs et négociants. Nous sommes concentrés sur la qualité, Guigal fonctionne sur des standards propres à l’élaboration des grands vins, de la sélection des origines à l’assemblage et à l’élevage. Notre distribution est également sélective.

BG: Comment distribuez-vous votre vin ?
PG : Depuis l’origine, la Maison Guigal travaille en étroite collaboration avec la restauration, partenaire privilégiée pour la mise en valeur de nos vins. Nous travaillons, aussi, avec les cavistes qui ont un rôle de conseil et les sites spécialisés ayant une ligne éditoriale qualitative. Nous avons également une clientèle de plus de 30 000 particuliers à qui nous expédions directement. Nous ne livrons pas la grande distribution, nous vendons de la qualité pas du prix. Le Château de Nalys bénéficie des mêmes réseaux de distribution que la Maison GUIGAL tandis que la Maison Vidal-Fleury et le Château d’Aqueria ont leurs propres réseaux de commercialisation.

BG: Quelle est la répartition de vos ventes entre la France et l’export ?
PG : Moitié - moitié. La France demeure notre 1 er marché, contrairement à nos confrères qui vendent prioritairement à l’export, nous nous faisons forts d’être présents sur notre marché domestique. A l’export, nous sommes présents dans 147 pays. Les États-Unis, le Canada, le Japon, la Suède, la Norvège sont les marchés les plus importants.

BG: A l’export vendez-vous principalement vos grands vins ?
PG : Nous avons la particularité d’avoir des chiffres très bien corrélés en volume et en valeur, en France comme à l’export. Cela signifie que nous n’avons pas de clients qui n’achètent que du Côte-Rôtie. C’est toujours un mix produit, depuis le Côtes du Rhône à dix euros jusqu’au grands Côte-Rôtie à plusieurs centaines d’euros.

BG: Combien vendez-vous de bouteilles par an ?
PG : La Maison Guigal vend dix millions de bouteilles par an.

BG: Votre vision ?
PG : La France doit se distinguer à travers des productions très qualitatives. Le vin s’inscrit dans un marché mondial et il y a peu de place dans le bas de gamme ou l’entrée de gamme. En Vallée du Rhône, nous sommes
performants dans les cœurs de gamme, avec un excellent rapport qualité - prix. Nous sommes particulièrement bien placés avec les Saint-Joseph, les Crozes Hermitage et les Gigondas. Et puis nous avons un rayonnement mondial grâce aux grands vins, comme Côte-Rôtie, Condrieu, Cornas, Hermitage…

BG: Le mot de la fin !
PG : Je pense que sans vivre dans le passé, nous nous devons de rester les garants de la tradition, d’être les gardiens du temple du goût. Au nom de quelle tendance doit-on renoncer à boire un bon vin, ou à passer du temps à table dans un bon restaurant ? Il y a de la place pour le bon manger et le bon boire en France.

Après avoir beaucoup investi dans l’amont : les vignes, les caves et l’outil de travail et s’être toujours adressée aux professionnels, la famille Guigal, sous l’impulsion de la nouvelle génération, crée début 2020, le Caveau du Château. Une structure d’accueil, dirigée par Marielle Grossetête ancienne communicante et experte en vins, pour parler de la passion du vin et du terroir et vendre à la clientèle de particuliers.

Indépendant du domaine Guigal, le Caveau du Château présente les vins de différentes propriétés de la Famille, soit une soixantaine de références au total. L’équipe de spécialistes du Caveau propose des dégustations comparatives et explique les différences d’élevages ou de terroirs. Les dégustations peuvent également être thématiques avec un focus sur des appellations comme Côte-Rôtie ou Condrieu ou bien simplement initiatique pour les visiteurs qui souhaitent découvrir le monde du vin.

Dans cet environnement, moins technique qu’une cave de domaine, le client est décomplexé et pose aisément tout type de question à un personnel compétent et formé à l’accueil. Les dégustations sont tarifées pour une clientèle désireuse de vivre une expérience autour du vin. Un client peut également déguster pour confirmer son choix avant d’acheter.Le Caveau du Château est la boutique de vente directe, ouverte les week-ends et jours fériés. Les particuliers sont de plus en plus nombreux à acheter sur place au prix domaine et repartent avec leur vin. Si la cible d’origine était plutôt étrangère, la clientèle régionale et notamment lyonnaise a également adhéré au concept.
Dans ce cadre exceptionnel, doté d’un très beau jardin, tout ce qui est proposé aux particuliers est également accessible aux entreprises désireuses de faire un évènement autour du vin. Le Caveau du Château a vocation de répondre à toutes les attentes des entreprises. Organisation d’un atelier œnologique dans le cadre d’un séminaire, d’un déjeuner ou d’un dîner orchestré par un chef, découverte de caves ou de vignes, location de très beaux salons, de nombreuses possibilités sont offertes aux professionnels par l’équipe du caveau qui propose toujours une réponse sur mesure à ses clients. Le Caveau du Château possède une capacité d’accueil idéale allant du séminaire de direction à une conférence pour une centaine de personnes. Le Caveau du Château comprend également un Musée dédié aux terroirs de la Vallée du Rhône, hommage au travail des vignerons qui font du vin ici depuis plus de 2000 ans.

On y découvre : des outils, dont certains sont encore usités, pour le travail des sols et de la vigne à la main, plus loin différents objets qui servent à la mise en bouteille, des amphores et des objets rares issus de la collection familiale, dont des magnifiques pièces de monnaie. Marcel Guigal, numismate averti, présente des pièces, dont certaines sont dédiées à l’empereur
romain Probus, apprécié des vignerons de Côte-Rôtie, car à l’époque où seule Rome avait le droit de produire du vin, il autorisa la replantation des vignes dans cette partie de la Gaule. Une partie du Musée est également dédiée à la tonnellerie. La Maison Guigal, est en effet l’une des très rares maisons en France à posséder sa propre tonnellerie. De nombreux outils ainsi qu’un film illustrent le travail réalisé par le tonnelier du Château d’Ampuis. L’élevage sous bois et notamment l’élevage prolongé font partie des fondamentaux de la Famille Guigal