Linda Hazi

Cofondée en 2016 par Frédéric Biousse et Guillaume Foucher, la collection Les Domaines de Fontenille compte aujourd’hui 11 hôtels, 17 restaurants, un vignoble et emploie 600 collaborateurs. Une croissance impressionnante pour ce tandem à l’origine novice dans le secteur de l’hospitalité. Leur réussite tient en grande partie à leur compréhension des nouvelles attentes des clients, dans un secteur où les codes du luxe sont restés trop traditionnels. Désireux d’innover, d’apporter des expériences inédites et d’être centrés sur la satisfaction clients, ils convainquent Linda Hazi de les rejoindre pour prendre la direction générale et continuer le développement de la collection. Experte dans le retail et le secteur de la beauté, également novice dans l’hospitalité, Linda a le sens du client chevillé au corps.

L’hospitalité présente de belles opportunités car elle n’a pas évolué aussi vite que les attentes des clients !

BG : Linda quel est votre parcours ?
J’ai d’abord passé 13 ans chez l’Occitane en Provence où je suis devenue Directrice Générale pour l’Europe du Sud. Une expérience formidable et un apprentissage de l’entreprenariat car le patron Reinold Geiger pousse ses équipes à prendre des risques et à voir les choses différemment. Quand on est une PME dans un secteur où il y a des géants, on est obligé d’être disruptif pour émerger sur le marché. Ensuite je rejoins le groupe LVMH dans lequel je passe 6 ans chez Sephora d’abord Directrice des Opérations et du Retail pour l’Europe du Sud, puis Directrice Commerciale France avec 330 magasins et 5000 collaborateurs. Un parcours passionnant et très formateur dans un groupe très centré sur le client et sur l’excellence d’exécution avec une forte culture de la performance. J’y ai acquis le sens du détail, l’orientation client et la priorité donnée à l’humain pour progresser ensemble et donner du sens à ce que l’on fait.

BG : Comment êtes-vous choisie par Les Domaines de Fontenille pour prendre la Direction Générale alors que vous n’avez aucune expérience du secteur ?
LH: C’est d’abord une belle rencontre et puis une vision commune du sens client et de l’évolution du luxe. On s’est rendu compte qu’il y a beaucoup de points communs entre le retail et l’hospitalité. En premier lieu, le client à qui on veut faire vivre une expérience. C’est vrai dans un magasin, dans une gare ou un aéroport comme dans l’hôtellerie. On veut donner du sens pour créer du souvenir, de l’émotion et marquer sa différence. Il y a aussi et d’abord l’humain, car dans le plus bel hôtel du monde, comme dans un magasin de marque, si l’équipe ne suit pas ça ne fonctionne pas.

BG : Comment se sont passées vos premières semaines d’intégration ?
LH: J’ai fait preuve de beaucoup d’humilité pour comprendre mon nouvel environnement. J’ai rencontré la plupart des équipes pour les écouter, regarder leur travail, analyser les moindres détails avec un oeil neuf, voir où étaient les challenges. Ensuite pour se poser les bonnes questions en partant de ce que le client attend et optimiser son vécu.

BG :Vous n’avez pas souffert de votre inexpérience du secteur ?
LH: Non, je crois qu’au contraire c’est une grande chance pour innover et faire évoluer les codes du luxe qui ne sont plus en phase avec l’attente client post Covid. Et puis j’ai renforcé l’équipe avec des spécialistes de l’hôtellerie et de la restauration pour apporter de l’expertise et des gens issus d’autres secteurs comme le retail, le luxe ou la beauté, afin de créer un beau collectif et faire face à nos ambitions.

BG : Comment fonctionnez-vous entre le siège parisien et vos 11 hôtels ?
LH: Les directeurs de nos Maisons ont une vraie délégation, nous sommes là pour leur faciliter la vie afin qu’ils se concentrent sur leurs clients. Fondamentalement tout ce qui n’a pas de valeur pour le client est remonté au siège.

BG : Y a-t-il un esprit commun à toutes vos Maisons ?
LH: Un esprit Maison de famille, avec du caractère, une histoire. La plupart n’était pas des hôtels quand on les a acquises, mais de belles demeures, avec une âme, une atmosphère que l’on voulait faire revivre. On se pose toujours la question, a-t-on envie d’y aller ? C’est très personnel, intuitif et émotionnel. La première maison achetée en 2015 avait pour vocation de devenir une demeure privée pour les deux fondateurs qui voulaient changer de vie. L’inspiration est venue et ils l’ont transformée en hôtel.

BG : Quelle est votre stratégie de développement ?
LH: Beaucoup d’opportunités, des rencontres, des coups de coeur. Nous créons des lieux, des destinations avec de l’intuition et nous analysons les chiffres. Et puis nous cherchons des territoires inexplorés. C’est un secteur que l’on croyait saturé, mais dans lequel il y a beaucoup à faire pour créer des expériences inédites. Il faut également faciliter le parcours client avec le digital.

BG : Comment l’attente des clients a-t-elle évolué ?
LH: Le vrai luxe s’est de prendre du temps pour soi avec ses proches. Et puis il y a une vraie attente environnementale. Voyager moins loin, être accessible en train, déguster des produits locaux, préserver la nature. Nous essayons de faire vivre tout un écosystème autour de nos Maisons pour donner du sens. Nous avons un lien très fort avec la terre et le monde agricole.

BG : La table est-elle importante ?
LH: Dans toutes nos Maisons il y a une bonne table, étoilée ou non, gastronomique ou non, on mange bien, des bons produits et toujours avec une belle carte de vins et notamment nos propres cuvées bio rouges, blancs et rosées.

BG : Pouvez-vous nous présenter vos destinations ?
LH : L’aventure a démarré en 2016 avec l’ouverture du Domaine de Fontenille à Lauris dans le Luberon puis ont suivi en 2018 Les Bords de Mer à Marseille, les Hortensias du Lac à Hossegor ainsi que Santa Ponsa et Torre Vella à Minorque. En 2021 le Domaine de Primard a ouvert ses portes à seulement une heure de Paris ainsi que 70 Hectares… & l’Océan à Seignosse dans les Landes. En 2022, cap sur l’Île d’Yeu avec Les Hautes Mers. Enfin, cette année signe l’ouverture de 3 nouvelles maisons : le Domaine de Chalamon à Saint-Rémy-de-Provence (mai 2023), la Bastide du Mourre à Oppède dans le Luberon (mai 2023) et Pieve Aldina (juin 2023) à Rada in Chianti en Toscane.