Marc Poisson, le goût des autres

Rencontres de Bongoût 01 juillet 2024
Marc Poisson, le goût des autres

Marc Poisson est la cinquième génération à la tête de l’entreprise de bâtiment Rolando et Poisson, qui existe depuis 165 ans en région lyonnaise. Il en prend la direction à 28 ans. Rien ne prédestinait le « plâtrier-peintre » de Saint Fons, comme il aime se définir, à devenir Président de la Caisse Nationale de l’URSSAF.

Homme simple, chaleureux, bon vivant, il se qualifie d’homme libre, « car le vrai bonheur c’est d’être bien dans ses baskets, dans sa vie personnelle avec son épouse et d’être heureux de rentrer chez soi, le reste est souvent affaire d’égo ». À 61 ans, père de deux fils et beau père d’un fils et d’une fille qu’il considère comme les siens, Marc Poisson est un homme heureux. La table, que son père lui fait découvrir très jeune, joue un rôle majeur dans sa vie, tant par goût que pour les relations sociales et les réunions amicales et familiales.

BG: Qu’est-ce qui anime Marc Poisson?
MARC POISSON : Les autres. J’ai joué au basket, à l’ASVEL, pendant 6 ans, je n’étais pas dans les meilleurs, mais je persévérais car j’aimais les gars qui étaient là. Le bâtiment peut parfois m’énerver, mais j’aime les
entrepreneurs et les entrepreneuses. Je n’aime pas la peinture ( bien que cela soit moins vrai aujourd’hui) mais j’aime mes collaborateurs. Comme tout entrepreneur, je ne suis pas un fan des cotisations sociales, mais l’URSSAF est pleine de femmes et d’hommes compétents, investis et qui pourraient être mieux reconnus. J’adore le travail en équipe.

BG: On met souvent en avant votre loyauté.
MP : Quand on porte un maillot, on joue le jeu de l’équipe. Si on n’est pas d’accord, on s’en va. Je crois qu’il faut être en phase avec ses convictions. C’est ma définition de la liberté.

BG: Quelle est l’histoire de votre entreprise?
MP : C’est mon arrière arrière grand oncle, un peintre italien, qui traverse les Alpes pour fonder l’entreprise à Saint Fons où existait un important pôle ferroviaire, avec de gros chantiers pour la protection des métaux. Aujourd’hui Rolando et Poisson est spécialisée dans la peinture et l’isolation pour l’intérieur et l’extérieur de la maison.

BG: Vous avez pris la suite de votre père.
MP : Rien n’était écrit d’avance. Ma mère a joué un rôle capital, en disant à mon père que je ferai l’affaire mieux que mes frères et en créant le contexte. Elle m’a convaincu de partir avec mon père à un week end
de chasse. En route il m’a demandé ce que je pensais de l’entreprise. J’y avais fait quelques stages pendant mon BTS. Je me souviens lui répondre, j’aime l’entreprise et ses collaborateurs, mais moins la peinture. Et puis, il a accepté que je finisse mes unités de valeurs pour mon DECS, que je parte faire mon Service Militaire en Allemagne et que je travaille une année à Paris dans une grande entreprise spécialisée dans la peinture de grands monuments, pour avoir cette expérience. Et je me souviendrais toute ma vie d’avoir accepté alors que la voiture passait devant les usines Peugeot à Sochaux.

BG: C’est une belle réussite.
MP : La réussite a quelque chose d’aléatoire. La veille du bilan tout va bien et le lendemain on peut être en danger, avec un gros chantier qui ne se passe pas comme prévu. On a une incertitude quotidienne dans notre
métier. Malgré tout je suis rentré dans l’entreprise en 1990, elle faisait 40 millions de francs de chiffre d’affaires et elle fait 25 millions d’euros cette année. Ma fierté c’est de faire notre métier sans discounter, en préservant le tissu concurrentiel local.

BG: Votre style de management?
MP : Je fais confiance. Mes collaborateurs et en premier lieu mon fils, bénéficient d’une grande liberté d’action. Je définis les ambitions et je fixe le cadre, surtout les limites. Et quand on réussit, la récompense est à la clef.

BP: La passation avec votre fils s’est faite naturellement?
MP : Adrien, mon fils aîné ne souhaitait pas rejoindre l’entreprise, il se destinait à une carrière militaire. Il est officier dans l’armée française. Edouard est un bon technicien, doué pour le commerce et les relations humaines. Il est dans l’entreprise depuis 5 ans. Il est compétent et reconnu par les clients comme, je le pense, par les équipes. Il a donc prit naturellement la direction générale de la holding. Il y a également un directeur général de l’entreprise.

marc poisson

BG: Votre plus beau succès?
MP : Certainement de voir mon fils réussir et prendre ma succession à la tête de l’entreprise. C’est aussi quand un collaborateur m’invite à la crémaillère de sa maison, qu’il a achetée grâce à son travail.

BG: Un échec?
MP : Quand un bon collaborateur nous quitte pour « un miroir aux alouettes » chez un concurrent.

BG: Etes-vous serein sur l’avenir de votre métier ?
MP : Oui, on aura toujours besoin de maisons, des bons techniciens et de chefs de chantiers. L’IA et la numérisation ne nous mettront pas en danger comme certaines professions. Elles nous permettront d’améliorer l’ingénierie, l’analyse et de gagner du temps sur les devis. Ce ne sont que des plus.

BG: Alors, comment êtes-vous devenu Président de l’URSSAF ?
MP : Il est de notoriété publique que je souhaitais, il y a quelques années, prendre la Présidence du BTP du Rhône. Les instances dirigeantes du BTP Rhône et Métropole en décident autrement. Elles élisent à l’époque Samuel Minot, un homme très compétent. Un peu plus tard, Gilles Courteix, qui deviendra Président du MEDEF du Rhône, me propose d’être candidat à la présidence régionale de l’URSSAF. Je ne voulais pas d’un lot de consolation, mais en parlant avec mon épouse, qui prend part à toutes mes décisions importantes, elle me convainc d’accepter. Son avis est toujours de bon sens. J’accepte et j’y prends beaucoup de plaisir et conscience des intérêts en jeu. Et puis quelques années plus tard, Patrick Martin, alors Vice-Président national du MEDEF m’appelle et me propose la présidence de l’URSSAF, laissée vacante. Le Président était appelé à d’autres fonctions préfectorales. J’ai passé le grand oral devant la commission du MEDEF et ma candidature a été retenue.

BG: Quel est votre rôle ?
MP : C’est d’abord et avant tout d’être la voix de l’usager. On a un rôle consultatif, on donne notre avis et on le fait entendre. C’est aussi défendre les entreprises, rappeler leur mission et leurs difficultés, surtout les
petites et moyennes, car à Paris on pense beaucoup grandes entreprises. Là encore je travaille en équipe avec des gens formidables et je crée du lien avec les régions. J’ai le sentiment d’être utile et d’amener de l’huile dans les rouages pour garder le sens des réalités.

BG: Rappelez-nous le rôle de l’URSSAF.
MP : L’URSSAF collecte de l’argent auprès des entreprises pour alimenter les caisses de la Famille, de la Vieillesse, de la Maladie, du Chômage et de la MSA.

BG: Comment découvrez-vous les plaisirs de la table ?
MP : Quand on partait à la chasse en Alsace avec mon père, le guide Michelin, avec ses bonnes tables, traçait la route. Paul Bocuse, alors jeune chef, était souvent des nôtres. J’ai le souvenir de grands moments notamment quand à la fin de la chasse Bocuse préparait un bon repas.

BG: La table a t-elle toujours un rôle important dans le bâtiment?
MP : Dans notre métier on n’a pas de budget marketing, tout se passe à table. C’est là où les choses compliquées se simplifient, c’est le partage, les bons moments. On apprend à mieux connaître les autres autour de la table.

BG: Pour vous un évènement à fêter se passe t-il toujours à table?
MP : Absolument.

BG: Des souvenirs à table ?
MP : Il y en a un particulièrement. J’avais onze ans, de retour d’un camp de scout, ma mère me dit, papa nous emmène au restaurant. C’était chez Bocuse, je ne connaissais pas. À l’époque on dînait dehors aux beaux
jours. J’ai le souvenir d’une cassolette d’escargots, un moment suspendu. Et puis le chariot de desserts, incroyable. Je me souviens aussi de déjeuners chez Nandron et son délicieux Navarin d’agneau. La table c’est
le souvenir de mon père. Je me souviens de ma mère, toujours présente dans les moments clefs de l’entreprise, lui demander si j’allais tenir à table. Quelques années plus tard, après mon entrée dans l’entreprise, il lui
répondit oui, avec conviction.

BG: Aimez-vous cuisiner ?
MP : Je cuisine quelques plats, comme un beau poisson au citron, avec une sauce au gingembre et coriandre, ma femme adore. Et puis j’aime faire un poulet mariné que je cuis ensuite à la plancha. Il y a un rituel, le
dimanche je fais les courses et je cuisine pour la famille.

BG: Votre plat préféré ?
MP : Une belle côte de boeuf persillée, mâturée. Je m’approvisionne chez Max, Aux Petits Producteurs, à Tassin-Le-Bourg. Je la cuisine au BBQ ou au four. Je suis fan également du pâté croûte , accompagné de légumes
marinés. Je crois que bien se nourrir fait partie d’une bonne éducation. Manger moins mais de meilleurs produits.

BG: Côté Vin ?
MP : Un bon Saint-Joseph, un Crozes-Hermitage ou un Mercurey. Je n’aime pas les vins naturels.

BG: Des restaurants que vous aimez ?
MP : J’aime les Bouchons Lyonnais. Le Café du Peintre (Lyon 6) et son gratin de tripes. Le Café Jaillet (Lyon 6), son onglet et son œuf meurette.

BG: Un week-end à Lyon.
MP : Un match au Lou rugby.

BG: Pour vous ressourcer ?
MP : La Couarde-sur-Mer sur l’île de Ré et La Cluzaz

BG: Votre recette du succès ?
MP : Pas de recette, plutôt des conditions: la capacité de travailler en équipe, être un bosseur et se méfier des apparences. Je crois que tout le monde à sa chance, il faut savoir prendre des risques et se donner les moyens. Et puis aussi savoir faire gagner les autres.

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