OLIVIER SUMEIRE
Président des Domaines Sumeire
BG : Qui est Olivier SUMEIRE ?
OS : Je suis un entrepreneur avec un pied dans la terre et un pied dans le commerce. Et je prends autant de plaisir dans un monde que dans l’autre.
BG : Vous êtes la 8ème génération à la tête des Domaines SUMEIRE.
OS : Oui, nos titres de propriété remontent à la fin du 18ème siècle et nous possédons trois Domaines qui s’étendent sur 300 hectares en Côtes de Provence. Le « navire amiral », Château Coussin à Trets s’étend sur 150 hectares, La Bastide de Maupague sur 40 hectares aux pieds de la Montagne Sainte Victoire et Château La Jouliane dans le Var sur la commune de Cuers , au coeur du terroir de Pierrefeu.
BG : Vous produisez essentiellement du rosé ?
OS : Nous produisons environ 2,5 millions de bouteilles, principalement du rosé, sur un segment haut de gamme. Des vins vendus entre 12 et 30e prix public.
BG : Vous êtes une entreprise familiale dans un environnement où les grands groupes ont pris ancrage ?
OS : Nous sommes sur un terroir des Côtes de Provence qui s’étend sur 20 000 hectares, quand le bordelais en comparaison représente 100 000 hectares. Nous sommes quelques rares indépendants sur ce terroir très investi à la fois par les majors comme Moët Hennessy, Pernod Ricard, Castel ..et des investisseurs atypiques comme des acteurs ou des gens du show business.
BG : Quel est le poids commercial des majors ?
OS : Il est plus important que leur poids foncier, car ce sont d’abord des négociants. Moët Hennessy pèse à lui seul 25% des ventes de Côtes de Provence.
BG : Qu’est-ce qui fait l’engouement de tous ces investisseurs pour le rosé de Provence, jusqu’à lors un peu délaissé ?
OS : Ils considèrent que c’est probablement la région viticole qui a le plus de potentiel dans le monde.
BG : On est passé d’un produit d’été à un produit à la mode.
OS : En moins de 30 ans on est devenu un produit qui fait rêver le monde entier, on est passé d’un extrême à l’autre.
BG : De propriétaire exploitant, vous êtes aussi devenu un acteur majeur de la distribution. Vous êtes le 2ème acteur du retail de vins en France en nombre de succursales, avec 60 points de vente, derrière Nicolas qui appartient au groupe Castel et qui en possède 500.
OS : À 18 ans je rêvais de monter une chaîne de pizzerias et une chaîne de supérettes. Le métier de producteur présente des risques importants du fait des aléas climatiques qui peuvent anéantir une récolte donc une année de chiffre d’affaires. J’ai donc diversifié l’entreprise dans le métier de la distribution. Tout a commencé avec l’opportunité de racheter un distributeur réputé à Marseille, « la Route des vins ». Je me suis associé avec Francois Blohorn, un spécialiste de la distribution alimentaire. Nous nous sommes ensuite développés sur les Bouches du Rhône et la Côte d’Azur en rachetant des affaires bien positionnées, puis Les Caves GUYOT en Rhône-Alpes et Nysa en région parisienne. Nous avons aujourd’hui 60 points de vente. Nous conservons les enseignes, elles s’adressent aujourd’hui à des clientèles = différentes, plutôt traditionnelles en Rhône Alpes et dans le sud, plutôt jeunes et branchées à Paris.
BG : Viticulteur et distributeur, vous couvrez tout le prisme de la filière viticole.
OS : Oui et c’est très rassurant et enrichissant d’un point de vue intellectuel, car je m’intéresse à tous les aspects du métier.
BG : Quelle est la part de votre production distribuée dans votre réseau ?
OS : Environ 15%. Le reste est vendu à l’export ou via des réseaux complémentaires.
BG : Présent dans toute la filière, comment imaginez-vous votre développement ?
OS : On ne s’intéresse pas à l’achat d’autres Domaines. Nous imaginons notre développement d’abord pas la valorisation de nos actifs. Nous bataillons depuis des années pour la création d’un cru sur la Montagne Sainte Victoire et nous pensons y parvenir. Cela nous donnerait un rayonnement international. D’autre part, nous pensons réaliser un maillage intelligent du territoire pour devenir leader de la distribution grand public sur le segment moyen-haut de gamme. Et nous souhaitons également développer notre couverture sur la distribution professionnelle, notamment pour représenter des belles Maisons auprès des cafés hôtels restaurants, à travers notre agence commerciale : « le Comptoir des familles ».
BG : Quel est le poids des distributeurs spécialisés comme vous sur la vente au grand public ?
OS : Nous pesons 10% du marché. 70% est aux mains de la grande distribution, les 20% restants se répartissent chez de multiples petits faiseurs, boucher, fromager, petite épicerie…
BG : Vous êtes vice-président du Bacchus Business Club de Marseille, que représente la table pour vous ?
OS : J’adore manger et cuisiner, quand je sors de table je pense au prochain repas; mon épouse vous dirait que c’est pathologique. J’aime aussi la table parce que c’est un lieu d’échange et de partage. C’est à table que l’on découvre le mieux les gens. Donc la table est essentielle pour moi d’autant plus avec des bons convives. En ce sens, le Bacchus Business Club me ravit.
BG : Quels sont vos accords mets et vins préférés ?
OS : Ma grand-mère m’a enseigné l’art du civet de lièvre, avec lequel je bois des vins rouges de la région ou de la Vallée du Rhône plutôt jeunes et charpentés, des Côtes du Rhône sud ou des Côtes de Provence, un Sainte Victoire ou un Bandol, par exemple. Avec la cuisine asiatique que j’affectionne, je privilégie le rosé. Avec une bouillabaisse je recommande un rosé à cause de l’ail, la rouille risque d’écraser le blanc. Avec du poisson cuisiné à la crème, j’apprécie plutôt des blancs avec du corps, du gras, comme des bons bourgognes ou des blancs de la Vallée du Rhône. Avec un poisson grillé les blancs du sud comme un blanc de Cassis ou de bord de mer. Avec des belles pièces de viandes grillées un rouge comme un Morgon ou un Chiroubles ou encore un Châteauneuf du Pape.