Thierry Gardon

Rencontres de Bongoût 15 avril 2024
Thierry Gardon

Né à Saint-Chamond, Thierry Gardon garde de son enfance le souvenir de la ferme familiale, la convivialité des repas familiaux, les bons produits, les recettes traditionnelles. Il cultive aussi l’idée que la terre et les produits de la ferme permettent d’avoir toujours quelque chose à manger quand les temps sont durs. De ses origines rurales, il garde le sens du vrai, de la franchise, de la sincérité. Des valeurs qui seront son fil conducteur. Hyper apprenant, il a soif d’être utile et après ses succès d’entrepreneur, il s’investit au Tribunal de Commerce de Lyon dont il devient Président en 2019.

BG : Quand on vous rencontre, le premier contact est chaleureux presque bonhomme, on ne vous imagine pas dans votre rôle de Président d’un Tribunal pour être jugé.
TG: J’en suis heureux, car je représente une institution dont la mission est principalement d’accompagner et de protéger les chefs d’entreprise.

BG : Pouvez-vous nous éclairer pour sortir d’a priori ?
TG: Quand vous franchissez la porte du Tribunal de commerce, vous n’êtes en rien un accusé. Notre raison d’être, c’est de sauvegarder l’emploi et de préserver l’activité économique et bien évidemment de trancher les litiges entre des entreprises ce qui correspond à l’essentiel de notre activité.

BG : Comment fonctionne un Tribunal de commerce comme le vôtre ?
TG: Nous dépendons d’un greffe privé, Officier public et ministériel, sous l’autorité du Président du Tribunal et le contrôle du Ministère Public. Le greffe compte 50 permanents et le Tribunal 69 juges élus par les membres de la Chambre de Commerce et de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat.

BG : Comment cela fonctionne ?
TG: Nous avons des missions de prévention de 3 ordres : Anticipation, détection, traitement. L’anticipation en faisant connaitre les missions du tribunal et les outils dont il dispose au service des entreprises. La détection, pour accompagner les entreprises avant qu’il ne soit trop tard. Nous nous basons sur l’analyse des données dont on dispose, puisque les entreprises déposent leurs comptes annuels chez nous, et recevons les chefs d’entreprise qui souhaitent s’informer. Le traitement pour traiter des difficultés que connaît l’entreprise au travers du mandat ad’hoc et de la procédure de conciliation. Dans 70% des cas nous évitons aux entreprises des procédures judiciaires. Et tout cela est fait dans la confidentialité.

BG : Quelle est votre intervention personnelle ?
TG: Le Président est là pour organiser la juridiction, pour qu’elle fonctionne bien, mais il n’intervient jamais dans le cadre d’une procédure judiciaire. Le juge commissaire est indépendant et il est une juridiction à part entière et donc indépendante.

BG : Quel est votre parcours avant le Tribunal ?
TG: Après une école d’ingénieur à Lille, je rentre chez Rhône Poulenc où je passe 13 ans, d’abord dans la recherche, puis à la direction d’une filiale spécialisée dans les polyamides. Je développe cette activité à l’international et le CA est multiplié par 5 en quelques années. En parallèle, avec ma soif d’apprendre, je fais un DESS à l’IAE et un MBA à l’INSEAD/CEDEP.
Et puis je fais une belle rencontre avec Robert Porcher, patron de Porcher Industrie qui fabrique du tissu technique et il me débauche pour prendre la direction commerciale d’une division. Deux ans après, j’ai l’opportunité de racheter une entreprise dans la Somme qui avait un problème de succession.

BG : Dans quelle activité ?
TG: La transformation de fils synthétiques pour le revêtement de sol. On faisait principalement du fil pour les moquettes, dans l’automobile, le contract ou pour le résidentiel. Une belle entreprise de 250 personnes qui deviendra leader européen. Et puis on développe en parallèle des activités logistiques. En 2007, je revends l’entreprise à un fonds d’investissement. 

BG : Et c’est alors pour vous un retour aux sources ?
TG: En quelque sorte, j’achète une propriété en Haute Loire, proche de mes origines et je me lance d’abord dans l’élevage de chevaux et l’exploitation forestière. Je constate alors les difficultés de financement dans le monde rural. Un éleveur, en carence de fonds de roulement, est obligé de faire engraisser ses veaux en Italie, alors qu’ils sont nés et abattus en France et auront le label France. En 2014, je rachète une société de gestion de cheptel qui gère 1000 éleveurs et apporte des solutions patrimoniales de placement. Et je suis en parallèle juge au tribunal de commerce.

BG : Vous la revendez pour devenir bénévole et accompagner les entreprises en difficulté.
TG: Oui, j’ai eu la révélation à la fois avec cette entreprise au constat des difficultés du monde paysan, mais également en suivant un DU à La Sorbonne en 2016 spécialisé dans les entreprises en difficulté. Je décide alors de vendre mon entreprise et de me consacrer au Tribunal de Commerce ou j’ai été élu Président en 2019. Mon mandat court jusque fin 2023.

BG : Êtes-vous un épicurien ?
TG: Oui, j’aime la convivialité de la table et les choses simples. Je suis plus potée, pot au feu et blanquette, que cuisine sophistiquée. J’aime recevoir mes amis chez moi en Haute-Loire et leur faire un bon plat familial avec des produits du cru.

BG : Avez-vous un bon souvenir à table ?
TG: Celui qui me vient à l’esprit, c’est chez Bocuse. Me relevant d’une maladie et de longues diètes, il y a une trentaine d’années, mon amie Colette Sibilia m’avait réservé chez Monsieur Paul où j’avais été chaleureusement accueilli et repris goût à la vie à sa table.

Partager cet article sur :

retour menu

Produits frais, livrés
en chronofresh

Paiement sécurisé
Qualité produit
garantie
Service client à votre
écoute